Ivabradine (Procoralan®) – Rappel des conditions d'utilisation et recommandations de l'ANSM dans le cadre de la réévalation européenne de la balance bénéfice-risque

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Dans le cadre de la réévaluation européenne de la balance bénéfice-risque du de l’ivabradine (Procoralan®), suite aux résultats des études cliniques SIGNIFY et BEAUTIFUL, l’ANSM rappelle les conditions d’utilisation de l’ivabradine et émet des recommandations afin de limiter le risque de bradycardie potentiellement dangereuse dans le cadre du traitement symptomatique de l’angor stable chronique.

L’ivabradine est indiqué depuis 2005 dans le traitement de l’angor stable chronique chez l’adulte coronarien en rythme sinusal et l’insuffisance cardiaque chronique de classe NYHA II à IV avec dysfonction systolique, chez les patients en rythme sinusal et dont la fréquence cardiaque de repos est supérieure ou égale à 75 bpm. Il ne s’agit pas d’un traitement de première intention puisqu’il est indiqué en cas d’intolérance ou de contre-indication aux béta-bloquants ou alors en association aux béta-bloquants.
Il inhibe le courant pacemaker If qui contrôle la dépolarisation diastolique spontanée au niveau du noeud sinusal et régule la fréquence cardiaque, cela conduit donc à une réduction de la fréquence cardiaque.
L’analyse des résultats préliminaires de l’étude clinique SIGNIFY menée avec l’ivabradine chez des patients coronariens stables a montré une augmentation modérée mais statistiquement significative du risque combiné de décès cardiovasculaire et d’infarctus du myocarde chez les patients présentant un angor symptomatique traités par ivabradine versus placebo (HR à 1,18 pour un IC 95% [1,03-1,35], p= 1,0018).  Ces patients étaient traités à une posologie de 10 mg deux fois par jour, posologie supérieure donc à celle recommandée par l’AMM européenne (7,5 mg x 2/j). Il s’agit d’un résultat obtenu sur une analyse en sous-groupe  des patients ayant un angor symptomatique de classe II ou plus selon la classification de la Canadian Cardiovascular Society.
Dans le groupe ivabradine, il a été observé une incidence élevée des bradycardies (17,9% versus 2,1% sous placebo) et 30% des patients ont présenté au moins une fois au cours de l’étude une fréquence cardiaque de repos inférieure à 50 bpm.
Par ailleurs, l’étude BEAUTIFUL publié en 2008 et menée chez des patients coronariens n’avait pas montré de bénéfice de l’ivabradine sur la mortalité cardiovasculaire.
Ces données motivent donc une réévaluation européenne de la balance bénéfice/risque du Procoralan®.
Dans l’attente des résultats de cette réévaluation, l’ANSM rappelle la nécessité du respect strict des indications et recommandations de son AMM et recommande à titre de précaution :

  • Aux patients recevant un traitement par ivabradine :

– de ne pas arrêter leur traitement sans l’avis de leur médecin,
– de prévoir une consultation sans urgence avec leur médecin.

  • Aux professionnels de santé, en complément des mesures préconisées par le PRAC et rappelées dans la Lettre aux Professionnels de Santé :
    • Dans la maladie coronarienne :

– de ne pas initier de nouveau traitement par ivabradine, et de considérer les alternatives disponibles,
– pour les patients en cours de traitement par ivabradine, de reconsidérer le bénéfice/risque de la poursuite de ce traitement et d’envisager les alternatives disponibles,

    • Dans l’insuffisance cardiaque :

– de prêter une attention particulière aux recommandations et précautions mentionnées dans le Résumé des caractéristiques des produits (RCP) pour cette indication, en particulier celles concernant la fréquence cardiaque.
En tout état de cause, Procoralan® devra être utilisé dans le strict respect des indications et recommandations de son Autorisation de Mise sur le Marché.
Pour plus d’information, se reporter aux documents de l’ANSM ci-dessous:
Pont d’informmation Procoralan 40614_TCDP2
Lettre aux Professionnels de santé

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