Vaccins contre les infections à papillomavirus humains (HPV).

Dossier thématique

Les infections à papillomavirus humains (HPV) sont des infections sexuellement transmissibles parmi les plus fréquentes, contractées généralement au tout début de la vie sexuelle. Elles touchent la moitié des jeunes entre 15 et 24 ans, et plus de 70 % des femmes et des hommes sexuellement actifs seront contaminés au cours de leur vie sexuelle.

La plupart du temps, une infection par HPV ne provoque pas de symptôme, les personnes infectées ne savent donc pas qu’elles sont contagieuses.

Bien que les infections à HPV disparaissent en général spontanément en quelques mois, une petite proportion peut persister et évoluer vers un cancer. En effet, certains virus de la famille des papillomavirus (principalement les types 16 et 18) peuvent persister dans les cellules infectées pendant des mois voire des années et provoquer des lésions précancéreuses, des cancers du col de l’utérus, du vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis et de la sphère ORL, notamment des cancers de la gorge.

D’autres virus (principalement les types 6 et 11) sont responsables de verrues génitales (appelées condylomes) très fréquentes chez les femmes et les hommes (environ 100 000 personnes touchées chaque année en France). Les verrues génitales impactent la qualité de vie, notamment la vie sexuelle, et favorisent l’exclusion sociale. Ces verrues sont bénignes mais récidivantes et leur prise en charge est particulièrement douloureuse.

Chaque année en France, 6 300 nouveaux cas de cancers sont causés par les HPV : 100 % des cancers du col de l’utérus sont dus aux infections liées aux HPV et plus de 25 % des cancers provoqués par les HPV surviennent chez les hommes, dont les plus fréquents sont les cancers de la sphère ORL, les cancers de l’anus et du pénis.

Deux moyens, qui sont complémentaires, permettent de prévenir les cancers :

  • La vaccination des femmes et des hommes, qui permet de prévenir la survenue des infections par le virus HPV ;
  • Le dépistage chez les femmes par prélèvement cervico-utérin (frottis), qui permet de détecter des lésions précancéreuses et de les traiter.

La vaccination prévient également la survenue de certains cancers pour lesquels il n’existe pas de dépistage (lésions précancéreuses et/ou cancers de la vulve, du vagin et de l’anus).

A retenir

  • Les virus HPV 16 et 18 sont responsables de 70% des cancers du col de l’utérus et de 45 à 60% des lésions précancéreuses.
  • Les virus HPV 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58, sont en cause dans 80% des lésions précancéreuses et 90% des cancers du col de l’utérus.
  • Les virus HPV 6 et 11 sont responsables de 90% des condylomes (verrues génitales).
  • La vaccination et le dépistage par frottis permettent de prévenir les cancers causés par les HPV.

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Vaccins HPV disponibles en France

Deux vaccins sont actuellement disponibles pour se protéger d’une infection par les virus HPV :

  • Gardasil 9® (laboratoire MSD),
  • Cervarix® (laboratoire GSK).

Le rôle des vaccins est de déclencher la production d’anticorps spécifiques contre chacun des virus HPV.

La vaccination contre les infections liées aux virus HPV est recommandée pour toutes les jeunes filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans selon un schéma à 2 doses avec un rattrapage possible de 15 à 19 ans révolus, selon un schéma à 3 doses.

L’élargissement de la vaccination contre les infections à HPV aux garçons a été recommandé par la HAS en décembre 2019 et est applicable depuis le 1er janvier 2021.

Toute nouvelle vaccination doit être initiée avec le vaccin Gardasil 9®. Les vaccins HPV ne sont pas interchangeables. Le vaccin Cervarix® doit être utilisé uniquement chez les filles dont le schéma vaccinal a été initié avec ce vaccin.

A savoir : Le vaccin Gardasil® qui contenait les valences des Papillomavirus humains type 6, 11, 16 et 18 a été retiré du marché en décembre 2020 et est remplacé par le Gardasil 9®.

VaccinIndicationDescriptionDisponibilité
Cervarix®Papillomavirus humain [Types 16, 18]
Prévention des lésions génitales précancéreuses (du col de l’utérus, de la vulve, du vagin et de l’anus), du cancer du col de l’utérus et de l’anus, prévention des verrues génitales
Vaccin recombinantDisponible
Gardasil 9®Papillomavirus humain [Types 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58]
Prévention des lésions génitales précancéreuses (du col de l’utérus, de la vulve, du vagin et de l’anus), du cancer du col de l’utérus et de l’anus, prévention des verrues génitales
Protéine L1 de Papillomavirus Humain de types 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58Disponible

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Quelle est l’efficacité des vaccins HPV ?

 Les vaccins HPV induisent une réponse immunitaire en anticorps supérieure à celle observée après une infection naturelle guérie.

Lors des essais cliniques ayant abouti à leur autorisation de mise sur le marché, l’efficacité des vaccins a été évaluée proche de 100 % pour prévenir des lésions précancéreuses du col de l’utérus et jusqu’à 90 % pour prévenir les infections à l’origine des cancers.

15 ans : Ces vaccins sont utilisés dans de nombreux pays depuis près de 15 ans.

De nombreuses données sur leur efficacité en « vie réelle » ont donc été collectées. Ces données montrent une diminution du nombre d’infections liées aux virus HPV, des condylomes, et de l’incidence des lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les femmes vaccinées par rapport aux non vaccinées.

Efficacité chez les femmes

Une étude suédoise publiée en 2020, qui a permis de suivre plus d’1,6 million de jeunes filles et femmes âgées de 10 à 30 ans entre 2006 et 2017, a montré que, par rapport aux femmes non vaccinées contre HPV, le risque de cancer invasif du col de l’utérus est inférieur chez les jeunes femmes vaccinées (avec au moins une dose), avec une réduction plus marquée chez celles vaccinées avant l’âge de 17 ans.

En Australie, où la couverture vaccinale est très importante, de nombreuses études ont montré une diminution rapide et durable de la prévalence des infections liées aux virus HPV et du risque de lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les jeunes femmes vaccinées à partir de 2007.

Des études menées en Australie, aux Etats-Unis et en France ont estimé l’efficacité des vaccins contre les infections HPV entre 86% et 96%.

86 % : Des études menées en Australie, aux Etats-Unis et en France ont estimé l’efficacité des vaccins contre les infections HPV entre 86% et 96%

Une analyse internationale des résultats de plusieurs études a montré une efficacité contre les lésions précancéreuses de haut grade entre 84% et 94%.

Efficacité chez les hommes

90% : Un essai international, qui a inclus 4055 hommes âgés de 16 à 26 ans, a montré une efficacité de près de 90% pour prévenir les condylomes anogénitaux (infection sexuellement transmissible) causés par les virus HPV (types 6, 11, 16, 18).

Chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), l’efficacité pour la prévention des lésions précancéreuses de l’anus varie si la personne est déjà infectée par le virus HPV au moment de la vaccination ou selon le nombre de doses de vaccin administrées : efficacité de 77,5 % chez les hommes qui n’avaient pas été infectés par le virus avant la vaccination et qui avaient reçu 3 doses de vaccins et efficacité de 50 % chez ceux qui étaient soit déjà infectés soit non infectés avant la vaccination et qui avaient reçu au moins une dose de vaccin HPV.

Globalement, les résultats montrent que le vaccin est plus efficace lorsqu’il est administré avant le début de la vie sexuelle.

Près de 1 000 hommes ont été suivis environ 12 ans après la vaccination (trois doses administrées). Aucun cas de lésions précancéreuses de haut grade ni de verrue génitale n’a été observé.

L’ensemble de ces données confirment l’efficacité d’une vaccination, aussi bien chez les jeunes filles que chez les jeunes garçons, pour prévenir les lésions précancéreuses et cancéreuses liées à cette infection sexuellement transmissible.


Sources bibliographiques

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Quels sont les effets indésirables des vaccins HPV ?



En France, nous avons mis en place une surveillance renforcée des vaccins contre les infections par HPV depuis leur commercialisation, à travers une enquête de pharmacovigilance.

Après plus de 15 ans d’utilisation avec plus de 300 millions de doses administrées dans le monde et une surveillance étroite, le profil de sécurité des vaccins contre les infections par HPV est bien établi.

Les effets indésirables les plus fréquemment observés avec les vaccins Gardasil 9® et Cervarix®, au cours des études cliniques ont été :

  • des réactions au site d’injection (rougeurs, douleurs et/ou inflammation),
  • des céphalées.

Ces effets indésirables sont en général d’intensité légère ou modérée et de courte durée.

Les autres effets indésirables fréquemment rencontrés sont :

  • des sensations de vertige,
  • des troubles gastro-intestinaux (nausées, diarrhées, douleurs abdominales),
  • de la fièvre,
  • de la fatigue.

Ces effets apparaissent rapidement après la vaccination et durent peu de temps.

Par ailleurs, de nombreuses études pharmaco-épidémiologiques portant sur les vaccins contre les infections liées aux virus HPV et sur le risque de survenue de maladies auto-immunes ont été publiées. Ces études ont conclu à l’absence d’augmentation du risque d’apparition de maladies auto-immunes chez les personnes vaccinées contre les infections à HPV.

De plus, bien que quelques syndromes de Guillain-Barré (faiblesses musculaires) aient été rapportés avec les vaccins Gardasil 9® et Cervarix®, une série d’étude qui a analysé des données sur près de 20 ans a montré qu’il n’y avait pas de sur-risque de survenue d’un syndrome de Guillain-Barré suite à la vaccination avec les vaccins contre les infections à HPV.

Sources bibliographiques