Kétamine : Une utilisation prolongée entraine des atteintes graves hépatiques et uronéphrologiques.

Les données de vigilance des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) et des centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance – addictovigilance (CEIP-A) montrent une augmentation globale du recours à la kétamine ; une augmentation du nombre d’atteintes hépatobiliaires (à type de cholestase ou cholangite) et uro-néphrologiques (cystite non infectieuse, cystite interstitielle, insuffisance rénale aiguë, hydronéphrose), le plus souvent graves, après utilisation prolongée ou répétée de kétamine ; une utilisation hors-AMM, fréquemment dans le cadre d’utilisations prolongées, principalement dans la prise en charge des douleurs chroniques dont la fibromyalgie.

Suite à ces signalements ainsi que la remontée croissante de cas de dépendance liés à l’utilisation prolongée et/ou répétée, de cas d’abus ou de mésusage de la kétamine, il est rappelé

  • de respecter les posologies préconisées et de limiter l’exposition dans le temps ;
  • de surveiller la fonction hépatique de façon rapprochée (bilan hépatique complet transaminases, GGT, PAL et bilirubine) en cas de prise répétée ou prolongée ;
  • de surveiller la fonction rénale et la cytologie urinaire de façon rapprochée en cas de prise répétée ou prolongée.
  • La survenue d’une hématurie constitue un symptôme d’appel pour le dépistage d’une atteinte du tractus urinaire ; la survenue d’atteintes hépatobiliaires et/ou uro-néphrologiques doit faire évoquer un usage répété de kétamine dans un cadre médical ou non médical (usage festif ou sexuel – pratique chemsex).

Rappel des conditions actuelles de prescription et de délivrance :


La kétamine :

  • est un stupéfiant dont la prescription est limitée à 28 jours, rédigée en toutes lettres sur ordonnance sécurisée
  • est réservée à l’usage hospitalier
  • peut être administrée par tout médecin spécialisé en anesthésie-réanimation ou en médecine d’urgence dans les cas où ils interviennent en situation d’urgence ou dans le cadre d’une structure d’assistance médicale mobile ou de rapatriement sanitaire (article R.5121-96 du code de la santé publique).

En cas de traitement à domicile, compte-tenu du potentiel risque d’abus et d’usage détourné de la kétamine, les patients et le personnel soignant doivent être informés de la nécessité :

  • de conserver les ampoules dans un lieu fermé à clé, sûr et sécurisé, auquel d’autres personnes ne peuvent accéder ;
  • de retourner à la pharmacie toutes les ampoules non utilisées.

Informations complémentaires


Les spécialités à base de kétamine sont indiquées comme agent anesthésique, seules ou en association avec d’autres anesthésiques.

Il existe aussi un usage hors AMM de la kétamine encadré par une recommandation de la HAS dans le traitement de la douleur rebelle en situation palliative avancée chez l’adulte.